Une belle photo d’un pont de Paris. Le Pont-Neuf, ici, est très réussi grâce à la prise en compte de plusieurs facteurs. Quels sont-ils ? Comment le photographe les a-t-il intégré dans cette photo ?
Le sujet
Le sujet principal est très connu. Un pont de paris, vu d’un autre pont (le Pont des Arts, ce fameux pont aux millions de cadenas). Cependant, ce n’est pas vraiment le pont, le sujet, mais l’ensemble de la vue, avec cette séparation de la seine autour de l’Ile de la Cité.
La composition
Ici, nous sommes sur un panoramique, idéal pour souligner l’étendue du paysage, partie intégrante du sujet. Cette largeur d’image guide le spectateur vers les lignes horizontales – celle du pont – et limite sa lecture à un va-et-vient de gauche à droite, qui convient tout à fait à la séparation de la Seine en deux courants.
Le cadrage met en valeur trois textures différentes (le ciel, l’eau, la pierre), bien délimitées.
L’originalité
Le choix d’une photographie Noir & Blanc, son aspect surannée, son rapport hauteur-largeur, participent à saisir le spectateur moderne – habitué aux couleurs, au rapport de dimensions d’une photo de plus en plus proche du carré et à la modernité de son environnement urbain – et lui apporte une sensation d’ancienneté, de solidité (avec toute cette pierre), mais aussi de deux visions du monde différentes, par le point de vue qui met en avant la division du cours d’eau en deux (le temps ?), dont un côté s’estompe sous un pont de fer (le monde moderne), l’autre côté caché par un escalier de pierre très « lourd » (le monde ancien).
Présent et passé, changement et stabilité, visible et invisible, sont inclus en dichotomie dans cette image, de manière très subtile. La clarté du ciel promet un avenir peut-être menaçant (ou lumineux), dans cette photographie qui se veut sortie du temps et le représente dans toutes ses dimensions.
Conclusion
Une photo réussie montre à l’œil ce qui est visible, mais saisit le cœur par ce qu’elle dévoile et qui est invisible à l’analyse rationnelle.